BONNES VACANCES
Voici quelques réflexions sur les vacances, ce temps privilégié dont l’étymologie est déjà pleine d’enseignements. Vacuus, en latin, désigne tout à la fois le fait d’être vide et celui d’être libre. Nous ne serons donc pas étonnés si notre relation aux vacances conserve ce double sens :
D’un côté, elles nous font rêver durant l’année : longuement attendues, parfois soigneusement préparées, elles sont ardemment espérées face aux contraintes et aux fatigues du quotidien.
Mais paradoxalement, l’homme moderne semble ne rien craindre autant que le pur repos, au point que pour certains, l’action deviendrait quasiment une drogue.
Y a-t-il une bonne manière de prendre des vacances ?
Le temps du lâcher-prise
Le temps de vacances vient rappeler à l’homme qu’il n’est pas le propriétaire de son emploi du temps, de son action, de sa vie : mieux que cela, il en est le gestionnaire.
Le temps des vacances vient aussi nous dire que nous valons plus que le simple produit de notre activité.
C’est un point important, à notre époque où volontiers on estime les gens à l’aune de leur efficacité, de leur rentabilité, de leur productivité.
Le temps du bilan
Tous les commerçants savent combien il est important de fermer boutique durant quelques heures, voire quelques jours, pour faire le bilan de leur stock, revoir leurs comptes afin de savoir où ils en sont.
Partir (ou simplement être) en vacances, c’est accepter de prendre le risque d’évaluer en vérité ce qu’il nous a été donné de vivre durant l’année.
C’est accepter de discerner ce qui, dans notre vie, est important - ce à quoi nous tenons le plus - et ce qui est second, voire dommageable.
Cela nous conduira peut-être aussi à découvrir bien des incohérences et des pertes de temps.
Le temps de la gratuité
Les vacances sont aussi le temps où nous acceptons de laisser notre esprit et notre cœur ouverts à l’imprévu.
Précisément parce que c’est le temps du vide, ce peut être aussi le temps de la surprise : savoir contempler la nature, regarder celles et ceux que nous croisons sans toujours les voir dans la vie quotidienne, faute de temps, disons-nous facilement. C’est le temps de la gratuité : celle du regard, celle du cœur, celle de l’esprit : savoir être attentifs aux clins d’yeux que nous fait la Nature, afin de nous en émerveiller.
Temps de vacances : un temps de travail supplémentaire
Enfin n’oublions pas celles et ceux grâce à qui nos vacances sont possibles : travailleurs saisonniers ou réguliers œuvrant dans le tourisme.
Mais il serait grave d’oublier que ce temps privilégié est souvent, pour certains d’entre nous, un temps de surcroît de travail et de fatigue : que ce soit dans le domaine de l’hôtellerie ou celui de la restauration, il ne faudrait pas oublier celles et ceux qui sont à notre service.
Beaucoup reste à faire pour que la justice sociale soit respectée dans tous ces domaines.
Cela nous incitera à nous impliquer pour un changement d’esprit à l’égard des professionnels dont le travail facilite notre repos.
C’est là un effort à la portée de tous.
Le fait de payer ne suffit pas à donner tous les droits.
Il y a des manières de parler, d’agir, voire de penser.
Vaste programme, direz-vous peut-être...
C’est vrai, mais n’oublions pas l’adage selon lequel l’art de se reposer est une partie de l’art de travailler.
Bien vivre ses vacances permet ensuite de bien vivre sa vie quotidienne.
Elles sont une occasion, parmi d’autres, pour prendre du recul afin de nous rendre vraiment libres.
Bonnes vacances à tous !