13 août 2008
3
13
/08
/août
/2008
19:43
TROUVER LE CHEMIN
Depuis une trentaine d’années, nous vivons des changements essentiels - historiques, économiques, psychologiques, anthropologiques...- et extrêmement rapides. Ce basculement est analogue, par son ampleur, à celui qu’ont vécu nos ancêtres à la fin de l’empire romain ou au début de la Renaissance ?
Le philosophe Michel Serres compare même cela à la révolution du néolithique, il y a 12000 ans.
Nous vivons 3 révolutions simultanées :
Une révolution économique : la mondialisation a fondamentalement modifié le rapport entre la démocratie et l’économie. Cette dernière est devenue « hors contrôle ».
Une révolution informatique. Elle n’en est encore qu’à ses débuts. C’est l’apparition d’un nouveau continent, avec le cyberespace, la réalité virtuelle, un continent qui est partout et nulle part.
Une révolution génétique, qui annonce le changement de la structure de la parenté. Si on met ensemble ces trois révolutions, nous nous trouvons dans un immense basculement, porteur de menaces mais aussi de promesses. Il serait vain de prétendre qu’on peut revenir en arrière et de cultiver des idées de restauration ou de nostalgie.
Le XXè siècle est venu démentir, profaner, ruiner les croyances généreuses qui avaient fondé l’optimisme des Lumières. Les pays de l’Est ont déshonoré l’aspiration à l’égalité entre les hommes. Au nom d’une croyance légitime, on a envoyé des millions de gens au Goulag. Le nazisme, lui, a discrédité le volontarisme historique, l’idée de remodeler la terre. Il a exalté jusqu'à l’hystérie ce qu’il appelait le « triomphe de la volonté ».
Cette longue période historique s’est achevée sur un grand vide. Il ne fallait plus croire.
On a voulu positiver cela : « Enfin libres ! Fini les idéologies et les croyances.
On va pouvoir s’occuper de nous, de la mode, de notre plaisir, de notre jouissance. »
Cette exaltation du vide est une immense stupidité : alors qu’on croyait avoir chassé les croyances par la porte, elles sont revenues par la fenêtre, mais de pire façon.
L’irrationnel a resurgi.
On a vu refleurir autour de nous toutes sortes de superstitions, d’idolâtries assez sottes.
Nos enfants se sont mis à croire aux fantômes.
On a exalté les voyantes extralucides. On a vu revenir les idolâtries païennes.
Les sectes ont remplacé les Eglises.
Le gourou a remplacé l’idéologue...
Il s’agit d’une régression.
Pendant des décennies, la modernité a fait une erreur monumentale en s’imaginant que les religions allaient disparaître, notamment devant les progrès de la science. Or le spirituel n’est pas un archaïsme résiduel.
La spiritualité est une dimension consubstantielle de l’homme.
L’homme est d’abord un animal religieux. C’est même probablement ce qui le distingue de l’animal. Le processus d’hominisation a commencé avec le souci d’enterrer les morts. Il s’agit bien d’un rapport à la mort, à la finitude.
L’homme est le seul animal capable de savoir qu’il a une fin, de penser, de s’interroger sur l’au-delà de sa fin.
Nos sociétés sont de plus en plus inquiètes, et donc de plus en plus répressives.
Les prisons n’ont jamais été aussi pleines.
Dans nos sociétés atomisées, où triomphent l’égoïsme, les corporatismes, les individualismes, tous les gens qui s’interrogent sur la nécessité de refaire la société retombent sur cette idée : l’individu ne peur exister que par l’autre.
Et avec lui.
Pierre Claverie, assassiné à Oran, en 1996, nous demandait d’accepter l’idée que l’autre est peut-être « porteur d’une vérité qui nous manque ». Il ajoutait :
« On ne possède pas la vérité et j’ai besoin de la vérité des autres. »
Un enfant de dix ans peut comprendre qu’une société habitée par l’espérance est plus heureuse, aujourd’hui, qu’une société qui désespère.
Nous vivons dans des sociétés qui voudraient renoncer à l’espérance au profit de la jouissance immédiate.
C’est un marché de dupes.
Renoncer à l’espérance, c’est s’enfermer dans l’immédiat, dans le court terme, dans la boulimie, dans l’insatisfaction, dans la jouissance.
Jamais satisfait. Toujours inquiet.
La définition d’un homme, c’est un animal qui chemine et construit sans cesse sa propre humanité.
" L’espérance concerne demain mais se vit aujourd’hui. " (Augustin)
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
Rediffusion
13 août 2008
3
13
/08
/août
/2008
09:15
L'ESSENTIEL EST D'ETRE SOI-MEME
Le monde d'aujourd'hui a tellement besoin d'un message d'optimisme : les médias trop souvent nous présentent des situations et des individus où tout est vraiment pessimiste.
C'est à croire que l'homme vit de violence, de massacre et de haine.
Mais sur quelle planète sommes-nous ?
Beaucoup de nos contemporains n'ont plus confiance ni en eux-mêmes ni dans les autres. C'est pourquoi il faut sans cesse répéter : croyez en vous-mêmes car vous avez une capacité d'intelligence, de volonté et de cœur extraordinaire. Faites la sortir de vous-mêmes. C'est la méthode socratique, cela s'appelle la maïeutique.
Cela a plus de deux mille ans et c'est toujours vrai. Il faut tout simplement être soi-même. Il faut prendre le temps d'écouter, d'échanger, de parler, de dialoguer avec ceux qui nous entourent (amis, collègues de travail) et de faire un peu plus attention aux personnes !
Il faut tenter de s'enraciner dans quelque chose de plus fort, de plus essentiel, de ne plus naviguer à la surface des choses afin de devenir plus stable et plus paisible et de trouver ainsi la tranquillité intérieure.
Dans une entreprise, au fond, la réussite ce n'est pas le pouvoir. C'est la sagesse du jugement, la qualité de la relation, l'attention aux autres.
Une certaine densité d'humanité.
Il faut essayer malgré nos insuffisances et parfois nos échecs de rester des hommes d'optimisme, des hommes debouts, fiers de ce qu'ils sont, à l'écoute et ouverts aux autres.
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
Rediffusion
13 août 2008
3
13
/08
/août
/2008
09:09
ACCEPTER L’IMPERFECTION
Notre société cherche par tous les moyens à fuir la souffrance et la pénibilité.
A mettre tout en oeuvre pour que l’homme parvienne au bien-être, elle oublie que ce bien-être n’est pas le bonheur.
Bien-être et bonheur ne sont pas véritablement synonymes : malgré des circonstances particulièrement douloureuses de santé, de relations familiales, professionnelles, etc., l’homme peut pourtant être heureux en vérité.
A l’inverse malgré toutes les conditions concrètes de bien-être et de confort, il peut ne pas être heureux.
Si l’on ne laisse pas place à l’imperfection, on vit certes dans un cocon tapissé d’ouate, mais ce cocon est vide.
On cherche alors à compenser l’angoisse du vide par toutes les formes de plaisirs imaginables, tout en demeurant irrémédiablement seul.
Voilà le piège et le drame de notre monde individualiste, qui nous fait voir la dépendance de l’autre comme une menace, alors qu’elle est une chance.
Sous le prétexte d’être « autonome », nos sociétés occidentales nous inclinent à fuir toute forme de fragilité, de vulnérabilité.
Mais il y a des personnes qui n’y parviennent pas, tout simplement parce que cette fameuse autonomie se tient hors de leur portée.
L’homme comblé et repu est seul, et parce qu’il est seul le bonheur lui est interdit.
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
bernard-romain
12 août 2008
2
12
/08
/août
/2008
16:40
UNE OREILLE QUI OSE DIRE
" L’écoute c’est le secret de tout !"
"Pendant deux ans, je n’ai fait que cela avec les joueurs de l’équipe de France. Je les ai écoutés au point de les connaître presque parfaitement et j’ai fini par savoir comment réagir, dans la seconde, vis-à-vis de l’un ou l’autre. Si vous voulez permettre à quelqu’un de donner le meilleur de lui-même, il n’y a qu’une chose à faire : se mettre totalement à son écoute. "
Voilà ce que déclarait Aimé Jacquet le 19/04/99 après la victoire de son équipe.
Ecoute et parole ont pour but une meilleure intelligence de soi et des autres. Si la qualité de l’écoute peut être évoquée dans les séminaires d’entreprise, elle ressort d’une attitude intérieure qui ne s’apprend pas en quelques leçons.
Quand une personne de l’équipe s’adresse aux autres, quand elle fait le récit de son problème ou de ses difficultés :
· Sa parole est un enseignement sur ce qu’elle me dit d’elle, mais aussi sur ce qu’elle me dit de ma façon de manager, de penser et d’agir.
· Sa parole toque à mon oreille ; elle fait résonner des mots enfouis, entendre des choses tues, parler des actes refoulés en moi. A condition qu’elle soit juste, sa parole peut être un chemin de vérité pour moi, ainsi que pour l’équipe dans son ensemble.
Ecouter vraiment c’est être appelé à répondre de mes choix et de mes décisions.
Notre oreille écoute à travers ses souvenirs, ses habitudes et ses préjugés. Elle fait passer la parole de l’autre par un labyrinthe où elle se perd dans le dédale de nos propres idées. La voix ainsi s’étouffe.
Nous écoutons le plus souvent à partir de notre cadre de référence. L’écoute plus attentive nous permet de découvrir le cadre de référence de l’autre, ses attentes, ses besoins pour accomplir une tache. Elle peut révéler une situation insoupçonnée.
Il y a des oreilles qui entendent mais qui s’absentent de l’autre par indifférence et par mépris. Aucun écho ne revient de sa parole, c’est comme s’il n’existait pas.
Il y a des oreilles qui prétendent tout savoir des autres avant même qu’ils n’aient pu parler.
Les sociologues nous disent que la misère enferme les personnes dans le « moi, ici, maintenant », c’est à dire une triple incapacité de relation à l’autre, de sortir de ses habitudes, de concevoir des projets, d’accepter le changement. L’autonomie est remplacée par le narcissisme et l’introversion. L’arrogance produit des surdités qui elles-mêmes conduisent à ne pas prendre la bonne décision au bon moment.
N’est-il pas dangereux d’avoir des certitudes trop rapides et définitives sur le bien-fondé de nos actes et de nos décisions ou sur les besoins supposés de nos collaborateurs ?
En fait, l’autre excède toujours la compréhension que nous croyons avoir de lui, notre propre capacité à le connaître.
C’est pourquoi l’écoute ne saurait être passive.
Parce qu’elle est aveu de ne pas tout savoir, parce qu’elle est rencontre altérante, l’écoute est questionnante avec respect, l’écoute est gratitude lorsqu’elle est entendue.
Elle est prévenante et oublieuse de soi.
Elle est centrée sur l’autre. Ecouter l’autre n’est pas seulement entendre ce qu’il dit, mais ce qui parle dans sa bouche : la lassitude face à un problème non résolu, la difficulté face à une situation non maîtrisée… En s’approfondissant, l’écoute traite celui qui nous parle avec une déférence qui l'étonne, elle le revêt d'une dignité qu’il ne soupçonnait pas. Nous devenons alors des êtres éthiques parce que nous sommes autres et ouvert à l’autre.
L’éthique représente l’effort de l’homme qui refuse de réduire l’autre à lui-même.
En introduisant dans l’entreprise l’écoute de l’autre, nous cultivons une mentalité, un esprit constant d’apprentissage.
Alors seulement, la parole devient efficace, terreau de la confiance. Une parole double, confuse, ambiguë, la langue de boit ne peuvent tenir une équipe ensemble et debout.
Seule une parole vraie fait naître sécurité, sens et confiance. Elle devient la ressource profonde de la motivation.
Comme l’écrit Hubert Landier, «Ecouter devrait être considéré comme le principe premier du management. »
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
Rediffusion
12 août 2008
2
12
/08
/août
/2008
16:33
OSEZ LA CONFIANCE
Dans la conjoncture internationale que nous vivons actuellement, nombreux sont ceux qui se demandent s’il existe une espérance pour le futur : nos sociétés sont souvent si ébranlées, l’avenir est plus incertain que par le passé.
Comment passer des inquiétudes à la confiance ?
La confiance est une des réalités les plus humbles, les plus simples et en même temps l’une des plus fondamentales.
Quand surviennent les périodes d’incertitude que nous vivons actuellement, il faut se rappeler que les doutes et la confiance, comme ombres et lumière, peuvent coexister.
Vivre en confiance avec l’équipe qui nous entoure se prépare et se construit dans la mesure où chacun de nous ose s’interroger. C’est en soi-même qu’il convient de commencer : vivre en harmonie, rechercher le bien commun, être ferment de confiance et non de division.
Libérons-nous des jugements hâtifs, des étiquettes mises sur les individus et des mauvaises intentions prêtées aux uns et aux autres.
La confiance c’est la recherche d’une compréhension réciproque.
La confiance a 3 visages : avoir confiance en soi, faire confiance et inspirer confiance.
Elle est stimulante, incitatrice à l’investissement et à l’avenir. Alors que la défiance est rétractive: elle ronge, c’est un sentiment négatif, c’est une déperdition d’énergie. Loin de fuir les responsabilités, la confiance donne de se tenir debout lorsque surgissent les difficultés. Elle permet de continuer à avancer même quand survient l’échec.
Il n’y a sans doute pas plus motivant et dynamisant que de travailler dans une équipe où règne un climat de confiance. La confiance génère la confiance mais nous savons qu’elle est fragile et à reconquérir sans cesse.
Elle s’éprouve dans la qualité des échanges et des relations. Elle ne se décrète pas mais se mérite.
La confiance en soi et envers les autres (celle que nous donnons, celle que nous recevons) se cultive : elle est affaire d’attitudes, de valeurs, d’écoute, de dialogue et d’ouverture.
Elle permet d’obtenir plus d’autonomie dans son travail : cela s’appelle la délégation.
Chercher en tout la confiance. Oser. Et la vie devient belle... et la vie sera belle.
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
Rediffusion
12 août 2008
2
12
/08
/août
/2008
14:11
PLAINTES DE L’HOMME
Autour de soi, on devine les plaintes informulées par l’homme contemporain :
« Je ne sers à rien.
Je ne compte pour personne.
Je ne suis pas reconnu.
Inutilité de ma vie. »
Le monde décoloré n’offre plus aucune séduction, ne réclame en rien la présence.
Au contraire.
L’homme est convié à débarrasser le plancher au plus vite.
Et, d’ailleurs, qui remarquerait le vide que créerait son absence ?
Que peut-il faire face au vide sinon y basculer ?
Comment peut-il faire sentir à l’autre l’abîme qui l’aspire ?
Objectivement, tout va.
Les conditions d’existence apparaissent même favorables.
Mais c’est dans le regard de l’homme que tout s’est durci, absenté.
Il ne saisit plus le sens de ses actes et il n’envisage dans l’avenir que par la fuite.
Qui changera sa vision ?
Qui le réconciliera avec lui-même ?
Quelle démarche le distraira du vertige ?
Ou trouvera-t-il la confiance ?
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
bernard-romain
12 août 2008
2
12
/08
/août
/2008
08:24
ALBERT ROUET : CHEMIN VERS SOI
« Le chemin vers soi passe par un autre. »
(Albert Rouet)
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
bernard-romain
11 août 2008
1
11
/08
/août
/2008
19:35
PEUR DE MANQUER
L’homme contemporain est en manque de perspectives, en grande peur de « manquer ».
De manquer d’air (pollution), de manquer de ressources énergétiques (pétrole), de manquer d’eau (sécheresse), de manquer de travail (chômage), de manquer d’argent (pouvoir d’achat), de manquer de solidarité (tout pour moi, rien pour les autres).
De manquer d’espérance.
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
bernard-romain
11 août 2008
1
11
/08
/août
/2008
03:08
SOLITUDE DE L’HOMME
« Toujours seul, enfermé en moi en face de moi.
Et je n’ai point d’espoir de sortir par moi de ma solitude.
La pierre n’a point d’espoir d’être autre chose que pierre.
Mais de collaborer, elle s’assemble et devient temple. »
(Antoine de Saint-Exupéry dans Citadelle)
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
bernard-romain
10 août 2008
7
10
/08
/août
/2008
07:52
UNIFIER
« Unifier, c’est nouer mieux les diversités particulières, non les effacer pour un ordre vain. »
(Antoine de Saint-Exupéry dans Citadelle)
Published by ROMAIN BERNARD
-
dans
bernard-romain