RÉFLEXIONS SUR LE TRAVAIL
LES PARADOXES DU TRAVAIL
La valeur « travail » semble se perdre.
La priorité pour de nombreux contemporains est devenue le « temps libre ».
Cette situation nouvelle est préoccupante pour l’avenir de notre Société.
Peut-on construire un avenir sans travailler ?
La mise en œuvre des 35 heures semble être une véritable catastrophe sur le plan économique et sur le plan sociétal.
Quel sens sonner au travail ?
Le travail est une réalité pleine d’interrogations et de paradoxes.
Pourquoi travailler ?
D’ou vient le travail ?
Etait-il prévu et programmé dès l’origine ? et, si oui, pourquoi est-il marqué par la difficulté ?
Que serait une vie sans travail et qu’est notre vie avec tout ce travail ?
Autant de questions qui interpellent la sensibilité, l’intelligence, l’individu et la Société et qui attendent une réponse de la raison et du cœur.
Les paradoxes s’entrechoquent à propos du travail.
Cette réalité la plus commune est aussi la moins bien partagée.
Cette activité la plus courante engendre les plus grandes disparités.
En observant les gens qui m’entourent,- des intellectuels et des manuels, des communicatifs et des silencieux, des impulsifs et des calmes, - l’homme est toujours intéressé par le travail mais il aspire souvent à en sortir. Il peut aussi bien s’y perdre que s’y épanouir.
Dans les équipes, il divise autant qu’il rassemble. Il libère et il contraint.
Rend fier et malheureux.
Fatigue et épanouit.
Provoque l’envie et suscite l’ennui.
Quand il est absent, on le revendique ; et quand il est présent, on le rejette.
Stimulant et fatiguant, agréable et fastidieux, il abat et il exalte.
Pour rien au monde on ne voudrait en manquer ; au moindre prétexte, on se plaint d’en avoir trop.
Autant de paradoxes, qui nous interpellent, font du travail une des réalités de la vie qu’on ne se lasse jamais de vivre et d’observer.
UNE JUSTE PLACE POUR LE TRAVAIL
Le travail de l’homme est marqué par la peine et la difficulté. Il est une exigence quotidienne. Il entraîne parfois fatigue et lassitude, et peut-être aussi rivalités et affrontements.
Attrayant et contraignant à la fois, gratuit et intéressé en même temps, appelant une participation nécessaire et un salaire obligé, dans une incessante dialectique du travail demandé et de rémunération versée.
L'entreprise pour laquelle nous travaillons doit générer du bénéfice, sinon elle disparaît.
C'est son objectif principal.
Cela doit être notre objectif prioritaire.
Ne pas travailler reste un drame et une faute.
Le juste équilibre ne sera jamais facile à trouver et à vivre.
Le travail nous coûte et nous contraint ; mais il nous libère et nous épanouit. Il nous rend libre.
Il y a donc pour l’homme à la fois le travail « contrainte » et le travail « libération ».
Le travail, qui est un bien, doit rester un moyen.
Il ne saurait jamais être une fin ; le but du travail est de gagner sa vie et non pas d’accumuler des avoirs.
Le travail doit trouver sa place.
Toute sa place.
LA DIGNITE DU TRAVAIL
Le travail constitue une dimension fondamentale de l’existence humaine.
Le premier fondement de la valeur du travail et son but doivent être l’homme lui-même : le travail est avant tout pour l’homme, et non l’homme pour le travail.
Quelles sont les réalités qui confèrent au travail humain sa dignité ?
· La dimension personnelle. C’est par le travail que l’homme se construit, se forme et devient « plus homme ».
· La dimension familiale : le travail est le fondement sur lequel s’édifie la vie familiale.
· La dimension sociale : la société humaine est le fruit du travail de toutes les générations. Nous devons en être reconnaissant.
Pour être digne, le travail doit avoir une raison d’utilité et de service, il doit permettre à ses acteurs de vivre avec décence et dignité, il ne doit pas porter atteinte à la santé et à l’intégrité de la personne, il doit comporter les dimensions d’autonomie, de créativité, d’initiative, il doit permettre, enfin, un compagnonnage qui unit plutôt qu’il ne sépare.
Le travail est un chemin de croissance lorsqu’il relie à soi-même et aux autres.
Il est moins dans ce qu’il nous permet de gagner mais dans ce qu’il nous permet de devenir en humanité.
TOUJOURS GARDER LE RESPECT DE L’HOMME
La reconnaissance sur le lieu de son travail est souvent une question posée.
On juge chacun au travail qu’il fait.
La grande difficulté de l’homme est de prendre du recul par rapport au regard des autres.
Il a toujours tendance à estimer ses actions en fonction du fait qu’il a été reconnu ou non.
Qui peut nous aider à prendre du recul et avoir un regard objectif sur son action ?
Se situer en liberté ?
Le travail est un sujet de fierté, de reconnaissance par les autres, mais il est aussi la prise de conscience de ses limites.
Il faut les accepter et sans cesse se former.
Sous la pression des uns et des autres, du temps, il ne faut pas perdre le respect de l’homme au profit de la tâche à accomplir.
La tentation la plus grande est le manque de patience, vouloir faire tout en vitesse, et si cela ne réussit pas, le faire brusquement et brutalement.
Voir cela chez d’autres attriste, le déceler en soi-même blesse profondément.
Le travail s’avère aussi une école d’humilité : le monde peut tourner sans soi.
S’en rendre compte aide à donner, dans sa vie, toute sa place au travail, mais rien que sa place.
Apprendre également l’humilité du service ; service du client sans qui l’entreprise n’existe pas, service de ses collaborateurs, sans qui la tâche est impossible ; mais service qui fait grandir et qui apporte le vrai bonheur.
Développer le goût du travail bien fait dans l’intérêt du bien commun, qui apaise et réconforte.
LE TEMPS LIBRE
Nos contemporains ont souhaité voir développer leur temps libre.
Quel bilan en tirer ?
Tout naturellement se pose une question : qu’est ce que l’homme en dehors ou après son travail ?
Depuis des millénaires, on envisage l’homme principalement sous l’angle du travail.
Que sert à l’homme de gagner sa vie par le temps imparti au travail, s’il vient à la perdre par un temps de loisirs qui serait aliénant !
Le temps passé devant la télévision laisse songeur (quatre heures en moyenne par jour).
Ce spectacle permanent d’images forment maintenant la pensée.
Les termes de « grille » et de « chaînes » en disent long sur la relation entre le téléspectateur et son petit écran.
Le temps libre, temps de liberté, devrait favoriser la créativité et la rencontre des autres et de soi-même.
Oui, temps privilégié pour se trouver soi-même, en prenant de la distance par rapport au temps, pour se reposer la question du sens de son existence et d’être disponible aux autres.
Trouver le temps nécessaire pour une vie productive mais aussi paisible et équilibrée.