PERFORMANCE ET BIEN ÊTRE
Il est urgent de travailler sur les moyens nécessaires à l'installation d'un certain bien-être au travail, car c'est d'eux que viendra la performance de l'entreprise. Ils reposent sur quatre grands axes.
- Le salarié doit être convaincu de l'utilité de son activité, à l'égard de ses collègues, d'autrui et, d'une manière plus générale, de la société.
Henri Bergson faisait déjà état du lien naturel entre « intérêt personnel » et « intérêt général ».
- Le salarié doit disposer d'une liberté d'action. L'habileté semblerait résulter de la fixation d'un cadre à l'exercice de l'activité et de laisser le salarié habiller son cadre comme cela lui semble le mieux.
Paul Ricœur assimile la souffrance à « l'amputation du pouvoir d'agir » .
- Le salarié doit avoir un poste adapté à son profil psychologique. Des travaux ont montré qu'une personnalité introvertie ne doit pas être en position de leader sous peine d'être victime de stress. De même, une personnalité extravertie en position d'adjoint connaîtra des problèmes identiques.
- Le salarié doit bénéficier d'un management d'autant plus performant que l'exigence de résultats est forte. À ce sujet, voici quelques pistes.
1. Fixer un objectif final et deux objectifs intermédiaires, pour aider la personne à vérifier qu'elle va dans la bonne direction, et qu'elle se rapproche ainsi de l'objectif fixé.
2. Exprimer sa passion permet à la personne de percevoir notre vif intérêt pour son activité.
3. Encourager encore et toujours, y compris une personne qui traverse une période difficile.
Dans ce cas, il va alors falloir s'attacher à repérer, au milieu d'échecs, un élément moins négatif, voire positif. Il convient alors de se concentrer sur cet élément et d'observer sa moindre progression, car, aussi infime soit elle, c'est elle qui permettra d'amorcer une nouvelle dynamique
4. Éviter la pression d'enjeu inhérente à des formules employées spontanément : « Si on perd ce marché, on ferme ! » ; « si on ne gagne pas, adieu la finale »...
L'enjeu et la pression qui s'attachent à ce type de propos permettent en général d'obtenir des effets inverses à ceux escomptés, car ils augmentent le niveau de stress. Or, il est indispensable de diminuer la pression d'enjeu en s'efforçant de relativiser la situation.
Le maréchal Lyautey avait cette formule : « Lorsque la vie des hommes est en jeu, il faut en faire un jeu pour qu'ils oublient l'enjeu. »
5. Transformer le stress en énergie nécessite de comprendre les sources d'inquiétude de la personne, pour analyser celles-ci et lui permettre alors de voir en quoi ce qu'il considère être un handicap, source de stress, peut être un atout, à l'origine d'une meilleure confiance en soi.
6. Manifester de la considération et l'exprimer de manière franche constitue une des clés majeures de la culture de la motivation.
7. Transmettre de l'optimisme est indispensable pour donner l'envie d'aller vers un futur meilleur.
Or, autant il est facile de se laisser glisser vers le pessimisme, autant l'optimisme est une conquête.
Le philosophe Alain résumait cette tendance en une phrase : « Le pessimisme est d'humeur; l'optimisme est de volonté. »
Et pour en revenir au stress, on retrouve là encore un parallèle intéressant grâce aux docteurs Pierre et Henri Lôo, psychiatres, qui observent que l'optimisme « intervient comme appoint correcteur du stress ».
8. Convaincre. Pour motiver un collaborateur, il ne suffit pas de lui dire qu'il est en route vers un avenir meilleur, il faut l'en convaincre, en faisant appel à des liens logiques forts dans son argumentaire, en recourant à des formulations positives, en se situant sur le même canal de communication que son interlocuteur grâce aux principes de la programmation neurolinguistique.
Ces trois axes (utilité de l'activité, liberté d'action, management de qualité) permettent à l'être humain de vivre son activité un peu comme un engagement, utile à autrui et... reconnu !
Le développement du stress dans nos sociétés modernes peut amener, si l'on s'efforce d'en comprendre ses mécanismes, des mutations majeures à l'origine d'un monde plus performant car plus humain, et de ce fait mieux apte à prendre en compte la complexité.
Voilà un bien bel enjeu où la politique, l'économie et le social devraient pouvoir marcher main dans la main.