PREMIER PÉRIL
Le premier des périls dans notre société, c’est que, par la consommation et la dureté accrue du travail, on cherche sans cesse à détourner l’homme de son être propre.
Voir également :
PREMIER PÉRIL
Le premier des périls dans notre société, c’est que, par la consommation et la dureté accrue du travail, on cherche sans cesse à détourner l’homme de son être propre.
Voir également :
DIGNITÉ HUMAINE INCONDITIONNELLE
Il est très facile de susciter chez quelqu’un le sentiment qu’il n’est plus « digne ». En particulier au sein d’une société dévorée par l’efficience, le jeunisme, le spectaculaire…
La dignité humaine est inconditionnelle.
Dans une société de l’efficience, le temps passé auprès d’un plus faible, d’un plus petit, peut apparaître comme contre-productif alors qu’en réalité il nous ramène à l’essentiel.
Voir également :
PERFORMANCE ET ORGUEIL
Lorsque l’homme cherche trop la performance, l’orgueil n’est jamais loin.
Et pour celui qui tombe dans l’orgueil et la compétition vaniteuse, tout est perdu : le vaisseau sombre.
Domination, possession, jouissance effrénée !
AUTONOMIE ET RECONNAISSANCE
Dans la vie de l’homme moderne, une fois qu’une étape est passée, une autre se propose aussitôt, qui doit être surmontée.
Et cela n’est jamais terminé.
Deux hypothèses extrêmes se présentent au sujet saisi par l’inquiétude du ‘’toujours plus’’ : rester sur le bord de la route, trouver un ‘’coin tranquille’’ où on ne bouge plus, ou bien, d’un autre côté, continuer la marche en avant, à pas forcés : ‘’suivre la pente, et rouler comme un caillou…aller vers le chaos et perdre le peu qu’on a déjà » ».
L’injonction d’autonomie se présente alors sous la forme de l’accablante idéalité – les idéaux d’une vie parfaite - qui est source de dépendance et d’angoisse.
Le désir d’autonomie entre parfois en conflit avec l’ambition d’être reconnu par l’autre.
Si l’homme va trop dans le sens de l’autonomie radicale, il risque de perdre tout lien social.
Le besoin d’autonomie souligne, comme en creux, l’angoisse de plus en plus intense de perte de lien.
Le vœu de reconnaissance est cependant intense, dans une culture où les places ne sont plus imposées, mais doivent se gagner.
L’identité se conquiert aujourd’hui dans la lutte pour la reconnaissance.
Les exigences de reconnaissance mutuelle sont au cœur du lien social, et l’angoisse de ne pas être reconnu, comme celle d’être abandonné conditionnent beaucoup des actions de l’homme.
Cette tension entre les vœux d’autonomie et de reconnaissance entraîne une oscillation entre deux pôles extrêmes, avec, d’un côté, le risque du sacrifice symbiotique – où on se dissout dans l’autre par peur de le perdre -, et, d’un autre côté l’affirmation individuelle de soi, pouvant mener à l’isolement.
Le souhait, parfois tyrannique, de reconnaissance peut fonctionner comme un piège : l’homme, prisonnier de son désir de reconnaissance, en arrive à nier son autonomie, cherchant sans fin la validation de soi dans le regard de l’autre.
La reconnaissance qu’il en retire n’est jamais suffisante.
La course à la reconnaissance suscite alors des postures d’opportunisme et de soumission.
D’où la question des pathologies du narcissisme, où le sujet tient plus par la reconnaissance que par une réelle autonomie.
Le siècle de l’autonomie est aussi celui où l’influence de ‘’l’opinion’’ n’a jamais été aussi forte dans les manières de penser et de vivre.
A travers cette prégnance de l’opinion, l’homme se trouve enfermé dans une identification à une majorité anonyme (la tyrannie du ‘’on’’) : la majorité tend à imposer un régime de domination spécifique, domination subtile puisqu’elle épouse la pensée majoritaire.
A travers cette prégnance de l’opinion, l’homme se trouve enfermé dans une identification à une majorité anonyme dont il ne pourrait être séparé, tant la menace d’exclusion est réelle.
Il ne s’agit pas alors d’être consciemment obéissant, mais de demeurer relié au tissu conjonctif du collectif, rassurant et protecteur.
Le désir de reconnaissance entraîne l’adhésion à une opinion commune flottante, auquel il se conforme librement, alors qu’il a tendance à fuir les discours se présentant comme d’autorité.
Le paradoxe de l’autonomie, en un monde qui n’enserre plus l’homme dans un corpus de traditions, est qu’elle produit son lot de dépendance et d’habitudes qui sont ces contraintes qu’il se donne à lui-même, en l’absence de lois générales proposées par la tradition.
L’homme autonome, au sens kantien de l’autonomie, assume un paradoxe où il se donne une loi qu’il s’astreint à suivre, sans pour autant être lié à une nécessité.
L’homme autonome tel qu’il se décline aujourd’hui ne se donne pas vraiment une loi vis-à-vis de laquelle il se sentirait obligé : il se cherche beaucoup, il est affamé de reconnaissance, et se rassure par des contraintes dans lesquelles parfois il se perd.
Voir également :
EMMANUEL LEVINAS : UNICITÉ D’AUTRUI
« Ne plus se laisser bercer ni griser par le rythme des mots et les généralités qu’ils désignent mais s’ouvrir à l’unicité de l’unique dans ce réel, c’est-à-dire à l’unicité d’autrui. »
(Emmanuel Levinas, Les imprévus de l’histoire)
ARGENT
« Dis-moi comment tu te comportes avec l’argent, je te dirai qui tu es. »
L’argent a deux faces : il peut servir ou asservir.
Voir également :
MAURICE BLONDEL : ÉLOGE DE L’ACTION
En agissant, l’homme avance et se construit.
Il devient davantage humain.
L’homme a besoin d’agir pour exister.
(d’après Maurice Blondel, L’Action 1893)
BONHEUR ET BESOINS
Pour être heureux, l’homme ne peut se contenter de satisfaire ses besoins matériels.
C’est le drame de notre société.
LE SECRET DU BONHEUR
Préférer l’autre à soi-même, tout en ayant souci de soi.
Voir également :
TOUT VOULOIR : LA PRISON DU BESOIN
C’est une manière de ne rien choisir du tout que de prétendre choisir tout.
Tout ce qui passe, tout ce qui plait, voire ce qui déplait (on reconnaîtra là certains masochismes ou ‘’conduites à risque’’).
Tout vaut parce que rien ne vaut.
Rien. Tout.
C’est finalement identique.
Pas de relief ou trop de relief étouffent le désir.
Tout vouloir, tout s’approprier : pouvoir, avoir.
Confusion mortelle entre désir et besoins.
Le besoin est certes légitime et le satisfaire est une requête nécessaire pour vivre : apaiser une demande, satisfaire un manque, combler une lacune ; besoin de connaître, d’être reconnu.
Quoi de plus humain !
Mais le piège guette d’une grande illusion : plus l’homme satisfait ses besoins et plus la vie aura un sens – du sens, comme un volume qui viendrait remplir un vide et qu’il pourra se procurer aisément, et si possible au rayon des soldes, sans trop débourser de son énergie, de son argent, de sa vie.
Le désir recèle un manque qui ne se comble pas ainsi.
Qui, à vrai dire, ne peut pas se ‘’combler’’ du tout.
La logique du désir n’est pas dans le remplissage mais dans le ‘’creusement’’.
L’acceptation des questions, des limites, des pauvretés de la vie.
"La grandeur d'un métier est peut-être avant tout, d'unir les
Hommes.
Il n'est qu'un luxe véritable et c'est celui des Relations Humaines.
En travaillant pour les seuls biens matériels, nous batissons nous-mêmes notre prison, avec notre monnaie de cendre qui ne procure rien qui vaille de vivre."
Antoine de Saint- Exupéry