PIERRE TEILHARD DE CHARDIN : VISION DU MONDE
« L'essence de son intuition, c'est une vision du monde comme un organisme vivant, attiré par le divin et tendant à la perfection.
Cette attraction s'incarne dans l'évolution de l'Univers, au sommet duquel se trouve l'homme.
Aux racines de l'évolution, il distingue des forces créatrices qui sont comme enfouies, cachées, et qui se déploient progressivement, au fur et à mesure du développement.
Mais lorsque, par l'homme, l'évolution atteint un point critique, alors commence l'unification, la convergence : le monde tend vers une Synthèse suprême. […]
Comment expliquer ce miracle de l'homme ? Maintenant Teilhard a recours directement au terme de « discontinuité ».
L'apparition de la pensée constitue « un seuil, qui doit être franchi d'un seul pas ». Ce « saut individuel instantané de l'instinct à la pensée ».
Ainsi la discontinuité est reconnue.
Et cependant le savant tend à considérer cette évolution comme un « saut du radial dans l'infini » […]
Avec l'apparition de l'homme, la noosphère vient s'ajouter à la biosphère. Selon Teilhard, elle ne peut pas s'arrêter dans son développement car elle fait partie de l'évolution. Ses chefs-d'œuvre, ce sont la pensée, la personne, l'unité des individus. Mais c'est encore trop peu. Sortant des limites du « phénomène », Teilhard attend une nouvelle étape de l'évolution. Il enseigne l'arrivée dans l'histoire du monde d'une période finale. […]
Il appelle cette phase de l'évolution mondiale : « le point Oméga ». […]
Teilhard va encore plus loin.
« L'Univers pourrait-il se terminer autrement que sur du Démesuré ? ».
« Non, l'Homme n'arrivera jamais à dépasser l'Homme en s'unissant à lui-même ».
Il faut que quelque chose de supérieur à l'homme existe réellement indépendamment de l'homme.
C'est justement le « point Oméga ». […]
En contrepoids d'un sombre désespoir qui se résigne à la condamnation du monde, Teilhard regarde vers l'avant avec espérance, appelant les gens à une action positive. Les obstacles possibles à la croissance ne l'effraient pas et ne suscitent pas chez lui des attitudes soumises et passives à la réalité. […]
Bien que le système de Pierre Teilhard de Chardin ait des limites (comme tout ce que fait l'homme), il n'en est pas moins nécessaire comme est nécessaire, elle-même, la figure lumineuse de ce religieux-savant et prophète-humaniste. »
(Alexandre Men)