PARTIR
L’homme part en vacances presque envoûté.
Serait-ce à la recherche d’une poésie perdue, celle dont Rimbaud lui aurait donné le goût ?
Peut-être, s’il éprouve confusément un sentiment d’enfermement dans la routine quotidienne et le respect machinal des contraintes qui grignotent progressivement sa liberté d’homme.
Mais quelle que soit sa raison ou son intuition, il cédera à son irrésistible envie de quitter ses habitudes pour l’inconnu du futur, le lendemain à inventer, l’attrait de la nouveauté.
Il deviendra alors, pour un moment seulement, ou définitivement, un étranger sur cette terre, un nomade de son temps, un prophète du monde à venir.
Il ne cessera d’interroger ce désir de liberté plus fort que la sagesse de ses pères et de ressentir la peur de se couper de son passé ; il s’en inquiétera.
Mais l’important pour se réaliser homme, n’est-ce pas qu’il parte un jour et qu’il vive l’aventure du commencement ?