LES JEUNES FACE A L'ENTREPRISE
Ils sont prêts à s'investir si on leur présente des perspectives d'avenir, si on leur permet de vivre dans une ambiance agréable, d'évoluer et de réaliser un projet personnel.
Après avoir boudé les jeunes, l'entreprise leur fait à nouveau les yeux doux. Elle redécouvre qu'elle en a besoin. Elle apprend en même temps que les jeunes n'ont plus les mêmes attentes et que leur regard sur l'entreprise a changé.
Depuis une décennie, que n'ont-ils pas entendu comme discours sur le travail et l'entreprise !
Ces jeunes générations, élevées dans la crainte du chômage, à qui on a annoncé la fin du plein-emploi, cultivent une certaine méfiance vis-à-vis du monde du travail et de l'économie. Ils savent la pression de la compétition. Ils ne sont pas dupes du fait qu'aujourd'hui l'entreprise les courtise, alors qu'hier encore ils étaient trop jeunes, trop ou trop peu diplômés, trop nombreux pour le nombre de postes disponibles.
Fini le culte de l'emploi où l'on fait carrière et pour lequel on investit tout son temps et toute son énergie.
Les jeunes posent de nouvelles exigences : un travail intéressant, plaisant et qui respecte l'équilibre de vie et les choix de vie personnels. Sinon, ils "zappent" de boulot en boulot, comme de loisirs ou chaînes de télé.
Le travail apparaît de moins en moins comme leur seule finalité dans la vie. Diable! Cette valeur centrale pour leur société ne devient plus pour eux un but en soi, mais un moyen.
Le travail, c'est une partie de la vie : il y a aussi des amis, la famille, les loisirs. Ils choisissent donc, de préférence, l'entreprise qui permet l'équilibre entre vies professionnelle et personnelle.
Autant de comportements et d'attentes que le milieu professionnel doit comprendre, s'il veut attirer ces jeunes et les garder.
Autant d'attentes qui l'obligent à se remettre en question.
Serait-ce là le début d'une nouvelle relation sociale, plus contractuelle et moins soumise à la règle de l'obéissance ou de la subordination que les générations précédentes ?
Car les jeunes cherchent du sens. Ils sont tout prêts à s'investir si on leur présente des perspectives d'avenir, si on les forme, leur permet de vivre dans une ambiance agréable, d'évoluer et de réaliser un projet personnel.
Pour l'entreprise, l'avenir consiste d'abord à considérer le salarié comme une personne qui concilie, dans un temps donné son projet personnel avec le sien.
Cette révolution dans les relations, elle va devoir la vivre à tous les niveaux et notamment au plus près du terrain, à la base, en écoutant et accompagnant des salariés devenus plus exigeants.
Cette remise en cause est aussi une opportunité pour elle.
Revoir les modes d'organisation, passer d'une logique d’obéissance à une logique de responsabilité, d'une hiérarchie de statut à une hiérarchie de compétences : autant de sources de performance pour l'entreprise.
Finalement, ces jeunes – qui ne veulent pas travailler n'importe comment et pour n'importe quoi – ne nous amènent-ils pas à poser la vraie question : celle de la place du travail dans la vie et du sens de la vie ?