INTERDIT ET DÉSIR
Il y a une illusion à penser qu’un enfant, futur adulte, puisse se vitaliser, se fortifier dans une éducation sans interdit.
Le désir – entendons le désir de vivre – ne naît pas de lui-même.
Pour advenir, il a besoin d’être empêché, contré, encadré.
Sans conquête, il n’est pas.
C’est précisément ce que nous observons aujourd’hui : une anémie du désir, une fatigue ou une usure de fond qui dissuade le mouvement même de la vie.
Derrière un certain nombre de dépressions ou d’addictions survenant à l’âge adulte, on entrevoit un enfant mal limité, peu cadré, abandonné à lui-même.
Dans la même logique, le pédiatre Aldo Naouri note que 95 % des enfants ou adolescents qui présentent des troubles psychiques souffrent d’une carence éducative.
Le désir, c’est le lieu le plus fragile de l’homme contemporain.
Nous gagnerions, sans doute, à nous souvenir que l’enfance n’est pas le temps de l’actualisation mais celui de la fondation.
Elle est une période où tout est en puissance, en virtualité d’accomplissement.