ENVIE ET JALOUSIE
Lorsqu’il ne peut devenir ce qu’il voudrait être, lorsqu’il estime ne pas être reconnu par ceux qui représentent le pouvoir, le désir de réussite va laisser la place au poison de l’envie.
Faute d’obtenir ce qu’il désire, l’envieux détruit l’objet même de son désir, en l’occurrence les figures du pouvoir, de la considération.
L’envie est un sentiment qui ronge de l’intérieur, remplit l’homme de fiel, de ressentiment devant la réussite des autres, et de dégoût de soi-même.
Dégoût de non réussir, dégoût d’éprouver un sentiment aussi détestable, dégoût de voir les autres posséder ce qu’il souhaiterait avoir.
Faute de posséder ce que l’autre possède et qu’il ne peut obtenir, l’envieux, submergé de colère et de haine, cherche à détruire l’objet de son désir.
Celui qu’il valorisait, qui suscitait son admiration, qui représentait un modèle, il faut l’éliminer, l’entraîner avec soi dans la spirale du malheur.
L’envie, c’est la revanche de l’orgueil bafoué.
Elle renvoie au sujet sa médiocrité, sa bassesse, son impuissance, sa mauvaiseté.
Contrairement à l’ambitieux qui, pour échapper à la honte, mobilise toute son énergie afin de s’accaparer ce qu’il désire, l’envieux incapable de l’atteindre, mobilise toute son énergie à détruire l’objet de sa convoitise.
L’envie combine la colère de ne pas devenir ce que l’on voudrait être, le sentiment de dévalorisation éprouvé face à celui qui l’incarne, et le dégoût de soi, la honte de se reconnaître impuissant et envieux.
C’est l’existence même qui devient alors intolérable, parce qu’elle est porteuse d’une invalidation permanente.