ÉLOGE DU MÉRITE
La valeur du mérite est un aiguillon puissant dans une société.
Les hommes ont besoin de croire que leurs talents et leurs efforts seront récompensés pour travailler, faire de la recherche, créer.
L’absence de reconnaissance du mérite serait démotivante.
Le fer de lance du modèle de l’égalité des chances est la détection des plus méritants et fonctionne selon l’adage que l’on peut réussir avec du travail et de la volonté.
Ce modèle conduit à penser que chacun obtient des succès et des échecs qu’il ne doit qu’à lui-même.
Si la récompense des capacités et des efforts de chacun est nécessaire, on sait aussi qu’il ne suffit pas toujours de faire preuve de travail et de volonté pour s’en sortir.
La reconnaissance du mérite induit une conception très volontariste de la destinée, alors que la part de chance est parfois aussi importante que celle du mérite dans une réussite.
Enfin aucun homme, aussi talentueux soit-il, ne peut réussir sans le concours des autres, notamment de ceux qui encourageront les risques qu’il prend, reconnaîtront et valoriseront ses talents.
Toute société a certes intérêt à encourager ses membres à développer leurs capacités et à assumer leurs responsabilités.
Dans cette perspective, les managers sont pour la plupart des figures exemplaires de la reconnaissance du mérite.
D’origines souvent modestes, ils doivent leur réussite à leurs efforts et à leurs prises de risques, aux opportunités qu’ils ont su saisir.
La suspicion généralisée qui porte sur la réussite des plus grands d’entre eux est injuste.
L’indignation n’est légitime que lorsqu’elle vise la disproportion de la récompense de certains, le mépris qu’ils ont pour leurs collaborateurs et le cynisme dont ils peuvent faire preuve.
La question qui se pose à notre société est celle-ci : comment concilier certaines valeurs de l’individualisme (le mérite, la volonté, la responsabilité) et l’effort de solidarité (le souci du plus petit) ?
L’enjeu de cette interrogation n’est pas simplement de penser une meilleure répartition des revenus mais de valoriser les capacités de chacun à faire quelque chose de sa vie.
L’effort de solidarité ne consiste pas simplement à apporter une aide économique, mais à donner à chacun tout au long de son existence la possibilité de retrouver le goût de l’ambition et de l’espérance pour mener une vie dont il se sente digne.
Voilà un bel enjeu pour tout manager !