BIEN COMMUN
L’homme moderne croit avoir achevé de recouvrer le pouvoir sur lui-même.
Sauf que cette ultime conquête métaphysique a pris un visage social inattendu.
Elle a achevé d’émanciper nos contemporains.
Elle les a affranchis de ces encadrements qui perpétuaient l’empreinte de l’ordre ancien.
Elle les a délivrés de ce qui pouvait subsister de contraintes envers des traditions.
Elle les a déliés de ce qui pouvait leur faire obligation envers des collectifs de référence, de la Famille à la Nation.
Elle les a dégagés de la révérence hiérarchique et des liens d’obédience envers l’autorité, même consentie.
En un mot, elle leur a donné, ou elle tend à leur donner, les pleins pouvoirs sur eux-mêmes.
Mais ce faisant, elle a vidé de substance la perspective d’un pouvoir collectif.
L’homme moderne croit jouir d’une liberté inégalée de se gouverner lui-même dans son coin et pour son compte.
Mais l’horizon du bien commun, lui, s’est évanoui.
Le monde se ferme sur lui-même.
L’homme est même devenu – au quotidien – un inconnu pour lui-même.
C’est le vrai chemin de la déshumanisation du monde.