LA GRATUITÉ DANS L'ENTREPRISE

LA GRATUITÉ DANS L'ENTREPRISE

La notion de gratuité paraît incompatible et antinomique avec celle d'entreprise.

Comment en effet peut-on parler de gratuité dans une organisation dont le but ultime est l’efficacité ?

Dans un univers où chaque action, chaque décision est quantifiée, analysée, planifiée, de quel droit peut-on parler de don ?

Pourtant, il y a une place pour la gratuité dans l'entreprise. Une place étroite certes, qui demande à être ciblée, mais bien réelle et sans doute indispensable, car ce don repose sur la vraie valeur de l'entreprise : la personne.

Ouvrir une « fenêtre » d'humanité et de liberté dans un univers géré et planifié :
L'accumulation de richesses, de savoirs, de pouvoirs, de temps pour soi, est générée par la peur. J'amasse, je garde pour moi car j'ai peur de perdre, de ne plus exister vis à vis des autres, de ne plus rien représenter dans l'univers dans lequel j'évolue. A l'inverse, le don signifie que j'ai confiance en moi mais aussi en l'autre.

Reconnaître le collaborateur en tant que personne :

Le milieu de l'entreprise est marqué par l'hyperactivité croissante des personnes qui y travaillent. L'accélération des rythmes, la surabondance des informations, la multiplication des interlocuteurs et la complexité des questions, donnent le sentiment de subir les événements plus que de les provoquer. D'où un « mal-vivre » vécu par certaines personnes qui se replient sur elles et ne peuvent plus répondre à cette question : à quoi je sers ? Le don, la disponibilité, le dialogue, sont une preuve de respect et des facteurs indispensables pour que la personne reprenne confiance.

Une opportunité pour changer soi-même :

Le don, l'attention, c'est l'occasion pour quelques instants de ne plus penser à soi comme personnage central de son univers. La solution trouvée à plusieurs est beaucoup plus riche et plus satisfaisante, si chacun a accepté au préalable de donner son attention à son voisin.

Un « retour » bénéfique pour l'entreprise :

Une pratique désintéressée du don en tant que reconnaissance de l'existence et de la richesse de chaque personne travaillant dans l'entreprise, ne peut qu'avoir un effet positif sur celle-ci.

L'accumulation de tâches effectuées mécaniquement par le salarié peut évoluer vers une meilleure implication et donc vers une amélioration de la qualité du travail fourni. De même, l'énergie créatrice de chacun peut se libérer pour contribuer à mettre en valeur l'innovation dans l'entreprise.


QUELQUES PISTES POUR METTRE EN PRATIQUE LE DON DANS L'ENTREPRISE

Donner l'information :

L'entreprise évolue dans un environnement de plus en plus complexe et changeant. Techniques, réglementations, informations évoluent sans cesse ; ce qui risque de créer une fracture : ceux qui possèdent et maîtrisent l'information et les autres. Donner l'information à ses collaborateurs, c'est affirmer que l'entreprise ne se réduit pas au staff de direction, mais englobe l'ensemble du personnel comme communauté.

Donner son temps :

L’hyperactivité présente dans tous les services de l'entreprise, à quoi s'ajoute le morcellement des tâches (phénomène de zapping) du aux nouvelles organisations de « juste à temps » et aux technologies de l'information vont parfois à l'encontre des objectifs d'efficacité de l'entreprise et mettent le salarié en situation de tension permanente. Aider celui-ci en lui donnant des rendez-vous réguliers pour mettre les choses à plat, discerner l'essentiel et l'accessoire par rapport aux objectifs du poste et à ses propres projets, contribueront à un mieux être et à une meilleure marche du service.

Donner sa confiance :

Le management des collaborateurs d'une entreprise a beaucoup évolué en quelques années. Depuis le modèle du taylorisme où la division du travail rendait l'exécution des tâches monotones, de nouvelles organisations ont contribué à enrichir le travail pour accroître motivation et implication du collaborateur. Pour autant, cela ne suffit pas si les personnes n'ont pas le sentiment de bénéficier de la confiance de leurs chefs. Donner sa confiance à un collaborateur est un risque : laisser échapper une partie de son pouvoir, accepter que quelqu'un d'autre prenne l'initiative, laquelle peut être contraire à ce que l'on avait planifié. Les expériences déjà menées dans ce sens, montrent que cette libération d'énergie créatrice - pour peu qu'elle soit compatible avec la finalité de l'entreprise - peut très souvent permettre d'anticiper les changements.

Dialoguer, donner sa confiance, considérer l'autre est ce dont nous avons tous besoin quotidiennement. Donner d’avantage de temps aux personnes, attacher plus d’importance à leur connaissance, à leur reconnaissance, à l’exigence éthique.

Dire ce que l’on fait, faire ce que l’on dit. Ce ne peut être qu’un long combat de chaque jour : l'efficacité économique de l'Entreprise en dépend.