PENSÉE ÉTHIQUE
Qu’est-ce qu’une pensée éthique ?
C’est une pensée qui se lève et se tient debout, une pensée droite.
« Chaque matin, écrit Marc Aurèle, dis-toi que c’est pour faire œuvre d’homme que tu te lèves. Dis-toi encore que tu vas rencontrer un ingrat, un égoïste, un envieux, et qu’il est inutile de s’emporter : ils appartiennent au même monde que toi, et tu dois faire avec. »
La pensée éthique a confiance en ces êtres qui désirent être sans même savoir ce qu’ils veulent.
Pour Nietzsche, la pensée ne subit pas un ordre préexistant, mais l’établit elle-même au fur et à mesure qu’elle s’élève.
Elle fait la différence entre le bas et le haut, l’ombre et la lumière, l’injuste et le juste.
Emerson parle d’une pensée qui aurait vraiment confiance en soi, qui croirait que ce qui est vrai pour elle est vrai pour tous.
Moïse ou Platon, dit-il, n’ont rien fait d’autre, et chaque fois qu’un esprit empreint de simplicité reçoit cette lumière, les choses anciennes s’écroulent ou sont absorbées : tout est aujourd’hui.
Cette pensée capable de sortir, d’exister, de rompre avec les paresses et les pesanteurs, est une pensée du courage.
Par elle on entre dans l’éthique, au sens fort, comme orientation d’elle-même vers le bon, comme confiance au désir, comme audace de se faire voir sans fausse honte.
La pensée éthique a le courage de l’initiative, qui consiste justement à faire voir la réalité sous un jour neuf.
Elle ose tranquillement se placer au commencement de quelque chose.
Il ne suffit pas d’être au monde, d’être né, d’être élevé : il faut l’interpréter en paroles et en actes, commencer, se confronter, entrer dans les échanges qui font la vie, de prendre sa place.