INCOMPLÉTUDE DES SCIENCES
Au XIXe et au début du XXe siècle, les sciences ont été dominées non seulement par l’espoir, mais aussi par la certitude d’expliquer " tout le réel par le réel ". C’est ce que l’on a appelé le scientisme.
Le bonheur de l’homme serait atteint grâce au développement du progrès scientifique.
Il s’est passé ensuite, dans la deuxième partie du XXe siècle, quelque chose d’inoui, d’inégalé depuis cinq cents ans, depuis le passage du Moyen Âge à celui de la modernité, via la Renaissance : l’émergence d’un nouveau paradigme ayant une influence sur tous les grands domaines de la connaissance.
Une grande partie de ce nouveau paradigme repose sur des notions comme l’incertitude, l’incomplétude.
Nous sommes face à un bouleversement de grande ampleur : désormais, nous savons parfaitement et avec une grande précision pourquoi nous ne saurons jamais certaines choses.
Quelques exemples :
Nous savons maintenant de façon extrêmement précise et scientifique pourquoi nous ne connaîtrons jamais en même temps la position et la vitesse d’une particule (principe d’incertitude de Heisenberg en physique quantique), pourquoi nous n’aurons jamais de système logique à la fois complet et cohérent (théorème de Gödel sur l’incomplétude de la logique), pourquoi nous ne prédirons jamais avec exactitude le temps qu’il fera dans un mois (théorie du chaos).
Si étonnant que cela puisse paraître, il s’agit d’un progrès de nos connaissances et non d’une régression de celles-ci.
La nouveauté de ce paradigme : les sciences ne pourront jamais tout expliquer.
Cette révolution conceptuelle est annonciatrice d’une immense révolution culturelle qui en est encore au stade embryonnaire.
L’homme contemporain, face à cette incomplétude des sciences, se sentira de plus en plus fragile et désespéré.
Il ne sera sauvé que s’il admet que l’Univers est porteur de sens parce que nous ne pouvons le comprendre entièrement.
Parce que la science elle-même nous démontre maintenant qu’il y a un « au-delà » de ce que la science peut appréhender.
A nous de découvrir cet « au-delà ».