MONDE FINI
La revue Esprit appelle son numéro spécial « Le temps des catastrophes ».
Voici le sommaire, ou du moins les mots clés : « désastre humanitaire », « crises financières », « risques alimentaires », « grippe aviaire », « Tchernobyl », « Shoah », « Apocalypse », « terrorisme ».
N’en jetez plus. On craque !
On parlerait de complot contre l’espérance pour moins que ça.
C’est vrai que le monde entier semble s’être mis dans une impasse mentale où nous n’avons le choix qu’entre deux attitudes : l’aveuglement et l’accablement.
L’insouciance et la panique.
Les « nouvelles » sont comme les bulletins venus du front de la bataille que se livrent l’homme et la nature, le présent goulu et l’avenir exténué d’avance.
« No future » ?
Tout le monde attend.
Les uns attendent dans l’effroi, dans la peur. Ils se barricadent derrière les illusions de la précaution, du « sécuritaire ».
Les autres attendent que les premiers se mobilisent, s’activent, se révoltent plutôt qu’ils ne se calfeutrent.
Tout cela est-il si nouveau ?
La perception d’un monde en train de « finir » n’est-elle pas vieille comme le monde ?