HYMNE AUX FEMMES
La vie des femmes n’est pas simple… et d’abord parce qu’elle est souvent double ; non qu’elles aient une double vie : elles en ont d’ailleurs rarement le temps ; mais parce qu’elles assurent une vie au travail sous le signe de la parité, tout en continuant de jouer, dans la plupart des cas, les premiers rôles au domicile.
La parité est une belle intention, toujours pas réalisée, qui contient deux pièges : d’abord, parce qu’elle est vécue socialement comme s’appliquant uniquement aux femmes ; elle n’oblige donc en rien les hommes à prendre une plus grande part à la vie domestique.
Ensuite, dans la vie professionnelle, parce qu’elle ôte aux hommes tout scrupule à exiger autant des femmes que d’eux-mêmes.
En fait de parité, c’est plutôt la double dose que l’égalité… notamment en France, en dépit de la devise républicaine.
Les Nations unies ont réalisé, il y a une dizaine d’années, une grande étude sur la place des femmes dans la vie publique et économique.
La France arrivait en 40e position, en queue de peloton européen et juste entre le Botswana et le Lesotho.
Les choses ont-elles vraiment changé ?
À l’échelle mondiale, on explique généralement le retard par un accès moindre des filles à la formation.
Pour la France, il faut trouver une autre raison : les filles sont plus nombreuses que les garçons dans les études supérieures et elles réussissent au moins aussi bien.
La tentation est grande d’aborder le problème à l’envers.
Plutôt que de donner aux femmes les moyens de mener une vie normale au travail, en tenant compte de leurs différences dans la vie professionnelle et en les soulageant dans leur vie personnelle, on a plutôt tendance à procéder par compensations… qui aboutissent à justifier leur situation d’infériorité.
Tant pis pour elles si elles ne sont pas capables de se couler dans le moule d’un mode de vie masculin !
Pour une femme au travail, le risque le plus fréquent n’est pas le harcèlement sexuel mais plutôt la négation du sexe, qui permet à la fois d’exiger autant d’une femme que d’un homme et d’ignorer qu’elle peut, en tant que femme, apporter une différence qui soit un enrichissement.
Tous « collègues » : quel mot commode, indifféremment masculin ou féminin !
Pourtant, l’intérêt de tous est celui d’une vie équilibrée entre le personnel et le professionnel.
Beaucoup de managers hommes gagneraient au travail à mieux respecter les contraintes personnelles de leurs collaboratrices.
Beaucoup gagneraient aussi à comprendre des femmes que le fait de tout sacrifier au travail n’est pas davantage une garantie d’épanouissement que la réussite professionnelle n’est une garantie de succès auprès d’elles.
Ces femmes, nos femmes, qu’on aimerait croire moins performantes mais qu’on apprécie plus résistantes que nous, auraient pourtant beaucoup, en tant que femmes, à apporter à la vie professionnelle.
La beauté des femmes n’est ni futile ni réservée à certains métiers.
Elle est une contribution précieuse au rappel permanent que l’épanouissement au travail n’est pas un luxe mais une nécessité.
Mais elles ont souvent d’autres qualités, que les hommes leur reconnaissent moins volontiers, au premier rang desquelles le courage.
Gandhi avait raison de dire qu’ «appeler les femmes “le sexe faible” est une diffamation ».
Le courage, quand il n’est pas physique, n’est pas toujours une vertu très masculine dans les entreprises.
Les hommes aiment bien la phrase d’Aragon selon laquelle « la femme est l’avenir de l’homme ».
Dans la pratique, on apprécie aussi qu’elle en soit le passé et, « s’il n’est de richesse que d’hommes », la femme est le seul producteur de richesses !
Quant au présent, l’homme se le réserve volontiers.
Pardon, Mesdames ! Merci, Mesdames !
C’est promis, nous changerons.