MONDE EN DÉSARROI
Malaise dans la civilisation
Nous vivons dans un monde déboussolé, inégalitaire et traumatisé par les spasmes d’une crise globale, livré aux lois cyniques du profit et à une interdépendance économique dérégulée.
D’autres pistes sont possibles et nécessaires.
Il y a l’espérance d’orientations et de solutions novatrices pour trouver remède aux tactiques égoïstes du chacun-pour-soi et ouvrir un chemin pour une société de liberté et d’équité.
On peut faire un constat sévère des dérives criminelles de la mondialisation, dues à une finance fondée sur le gain immédiat de quelques-uns et démontrer l’aliénation d’une humanité, ravagée par une inégalité insupportable entre les êtres, les sociétés et les nations.
Ce constat, assombri par la crise actuelle, exige une redéfinition du développement – qu’on ne saurait réduire à une simple croissance économique continue.
On peut constater les évidents ratages : exclusion, marginalisation, misère et mépris des droits humains fondamentaux.
L’agir social devient la proie d’intérêts privés et de logiques du pouvoir, qui ont pour effets d’entraîner la désagrégation de la société.
Ouvrons les yeux : le progrès vorace, fondé sur des ressorts matériels et spéculatifs, a échoué.
Le monde se dévore lui-même, tel Cronos mastiquant ses propres enfants.
Il existe un autre choix : un « développement intégral », qui assure une émancipation humaniste partagée.
Car la croissance est un bienfait, la mondialisation n’engendre pas forcément une catastrophe, la technique n’est pas en soi perverse, mais ces forces brutes doivent être subordonnées à une éthique.
Dans ce monde en désarroi, les expériences les plus prometteuses ont commencé par établir de nouvelles relations entre les hommes.
Il faut explorer les voies du don, de la gratuité, de la répartition.
Il faut condamner la vacuité d’un relativisme aveugle qui prive les hommes d’un sens à leur vie collective et blâmer ainsi les deux dangers qui menacent la culture : un éclectisme où tout se vaut, sans repères ni hiérarchies, et une uniformisation des styles de vie.
Un fiasco de l’avoir et un chaos de l’être.
Car, si l’on approfondit les apparences, les causes du sous-développement ne sont pas d’abord d’ordre physique.
Elles résident davantage dans le manque de fraternité entre les hommes et les peuples :
« La société toujours plus globalisée nous rapproche, mais elle ne nous rend pas frères. »
Cette crise nous oblige à reconsidérer notre itinéraire, car, tandis que la richesse mondiale croît, les disparités augmentent.
Ce magma, érodant les valeurs, conduit à mépriser la vie dans ses spécificités, à décourager la natalité, à opprimer la liberté, à terroriser la spiritualité, à décourager la confiance et l’expansion.
Il s’agit simplement que les hommes prennent conscience de ne former qu’une seule famille, ce qui exige le retour à des valeurs inusitées : don, refus du marché comme lien de domination, abandon du consumérisme hédoniste, redistribution, coopération, etc.
On peut entrevoir le cauchemar d’une humanité enivrée par la prétention prométhéenne de « se recréer en s’appuyant sur les prodiges de la technologie », tels le clonage, la manipulation génétique, l’eugénisme.
Mais la source de ces déviances reste unique : la déshumanisation.
Car, où que nous vivions et à quelque degré de responsabilité que nous nous situions, chacun de nous peut renouer avec l’amour et le pardon, le renoncement au superflu, l’accueil du prochain, la justice et la paix.
Cette conduite relevait de l’exigence morale.
Elle est devenue une condition de survie.
Puisse ce message être entendu !