MÉCONTENTEMENT
Un signe est là qui ne trompe pas : nos sociétés, dites développées et assises sur leurs prouesses techniques -même si certaines sont fort inquiétantes pour l'avenir – et leurs richesses – même si celles-ci sont injustement réparties entre le Nord et le sud -, sont celles du mécontentement.
Nous constatons une augmentation inquiétante du nombre de suicides, en particulier des jeunes, et spécialement en France.
On peut se demander si certains d'entre eux ne sont pas des gens fatigués de vivre, ayant en quelque sorte jeté le manche après la cognée, car ils ne veulent ou ne peuvent plus se battre au milieu des complications croissantes de la vie moderne, où tout devient difficile, abstrait, administratif, soumis à de multiples contraintes et lois qui finissent par leur «pomper l'air», comme dit notre langage parlé.
Notre société n'est pas à l'abri de la tentation du désespoir.
Un futur sans avenir, n'est-ce pas une perspective déjà évoquée par certains analystes ?
Paul Ricoeur disait que la source profonde de notre mécontentement venait d'une société qui augmente sans cesse ses moyens et perd de plus en plus le sens de ses buts.