Thomas d’Aquin (1872)
Qu’est-ce que la liberté humaine ?
Nous trouvons la réponse chez Aristote. Pour Aristote, la liberté est une propriété de la volonté, qui se réalise grâce à la vérité. Elle est donnée à l’homme comme une tâche à porter à son terme.
Il n’y a pas de liberté sans vérité.
La liberté est une catégorie éthique. Aristote enseigne cela dans son Ethique à Nicomaque, construite sur la base de la vérité rationnelle.
Dans l’ensemble, cette éthique naturelle a été reprise par Thomas d’Aquin dans sa Somme théologique.
Ainsi, l’Ethique à Nicomaque est restée une œuvre présente dans l’histoire de la morale, mais désormais avec les caractéristiques d’une éthique thomiste.
Thomas reprend intégralement le système aristotéclicien des vertus. Le bien qui se présente devant la liberté humaine pour être accompli est précisément le bien des vertus.
Il s’agit avant tout de ce que l’on nomme les quatre vertus cardinales : prudence, justice, force et tempérance.
La prudence a une fonction de guide. La justice régule l’ordre social. La tempérance et la force disciplinent en revanche l’ordre intérieur de l’homme.
Ainsi donc, au fondement de l’Ehique à Nicomaque, on trouve clairement une véritable anthropologie.
Dans le système des vertus cardinales, s’insèrent les autres vertus, qui se trouvent de diverses manières subordonnées à elles. Il ne s’agit pas d’un système abstrait.
Aristote part de l’expérience du sujet moral.
Thomas part lui aussi de l’expérience morale, mais il cherche également pour elle les éclairages contenus dans l’Ecriture.
Aristote a laissé aussi une œuvre sur l’éthique sociale intitulée Politique. Dans cet ouvrage, Aristote définit les principes éthiques auxquels tout système politique et économique juste devrait se tenir.
A cette œuvre d’Aristote, se rattache de manière particulière la Doctrine Sociale, qui a acquis une importance notable dans les temps modernes grâce aux impulsions de ce que l’on a appelé la « question ouvrière ».
Tout a commencé, nous en avons déjà parlé, avec « Rerum Novarum » (1891).
On peut dire qu’à la source de tout, se trouve le thème de la liberté de l’homme. La liberté est donnée à l’homme par le Créateur, comme un don et en même temps comme une tâche.
Par la liberté, l’homme est en effet appelé à accueillir et à réaliser la vérité sur le bien.
En choisissant et en mettant en œuvre le vrai bien dans sa vie personnelle, dans sa vie économique - au travail, par exemple -, l’homme réalise sa propre liberté dans la vérité.
Cela lui permet d’éviter ou de dépasser les déviations possibles que l’on note dans l’histoire de l’humanité.
On voit combien la question de la liberté humaine est fondamentale. La liberté est elle-même dans la mesure où elle réalise la vérité sur le bien. C’est alors seulement qu’elle est un bien.
Si la liberté cesse d’être reliée à la vérité et commence à la rendre dépendante d’elle, elle met en place les prémisses de conséquences morales dommageables, dont les dimensions sont parfois incalculables.
Dans ce cas, l’abus de la liberté provoque une réaction qui prend la forme de tel ou tel système totalitaire.
C’est là aussi une des formes de corruption de la liberté dont nous avons constaté particulièrement les conséquences au XXè siècle.