LES JEUNES ET L’ENTREPRISE
Les plus jeunes de nos contemporains, qui n’ont entendu que les mots de crise, chômage et flexibilité, jettent un regard froid sur l’entreprise.
Quand leurs aînés parlaient de division du travail, eux parlent de division du temps de travail, pour permettre des aménagements (congés parentaux…).
Ils n’envisagent pas de se sacrifier pour un employeur avec lesquels ils se sentent liés non par un engagement, mais par un simple contrat.
D’ailleurs, le vocabulaire en témoigne : aujourd’hui, si les entreprises
« embauchent » – un peu –, « recrutent » – quand même –, il y a bien longtemps qu’elles n’ « engagent » plus.
La majorité des jeunes n’ont plus envie d’un hyper investissement dans leur travail.
Ils ne veulent pas renouer avec des comportements professionnels de générations plus anciennes qu’ils considèrent comme des erreurs.
Ils exigent davantage de barrières entre leur vie privée et le monde de l’entreprise.
Le rapport au travail n’a de sens que dans la construction de l’identité.
Pour se développer, l’homme a besoin de cette dimension comme il a besoin de celle de l’amour, de l’amitié ou encore de la famille.
Depuis une trentaine d’années et surtout l’avènement d’une société de loisirs, l’importance de la profession dans cette construction identitaire s’est affaiblie.
Pour les plus de 50 ans, il y avait le travail.
On s’inscrivait dans une entreprise comme on s’inscrivait dans un lieu en fondant son foyer.
Dans l’univers des seniors, l’entreprise assurait l’emploi continu et la sécurité en échange de subordination et de fidélité.
Aujourd’hui, elle recherche de la flexibilité, de la mobilité, de l’autonomie et ne garantit plus cette sécurité.
D’où une tendance à l’individualisme et une capacité moindre à s’attacher au collectif.
Les jeunes s’impliquent dans leur travail.
Mais ils ont des rapports différents avec la hiérarchie, avec les codes vestimentaires, avec les relations humaines…
Aujourd’hui, les jeunes ont d’autres appartenances, d’autres réseaux sociaux, d’autres modes de vie.
Ils ne se fidélisent pas à leur entreprise, pour ne pas trop en attendre.
Sauf à celles qui ont une véritable éthique.
Voir également :
Les jeunes et l'entreprise