Plusieurs années après sa mort, Pierre Claverie reste un guide. Et sa parole continue de rejoindre ceux qui l'écoutent.
« Quand on a connu Pierre Claverie, on peut être tenté de penser que sa mort est un gâchis, constate Jean-Jacques Perennès, secrétaire général de l'Institut de recherche sur l'islamologie et la culture arabe du Caire. Mais les fruits de sa vie donnée sont déjà sous nos yeux. » L'écho que sa parole et surtout son exemple rencontrent dans le coeur de jeunes qui ne l'ont jamais croisé est un premier signe de fécondité. La résonance qu'ont ses écrits en est un autre.
« Je suis frappée par son grand humanisme, son sens de l'incarnation, sa quête incessante de la vérité, son enseignement tout tourné vers l’Ecriture, sa recherche de la réconciliation... et son humour. Il m'a donné la liberté intérieure. Il m'a appris l'importance de sortir de soi-même pour apprendre à regarder l'autre. Chez lui, ce qui frappe le plus, c'est son amour de la vérité mais aussi son esprit d'ouverture. »
Plus largement, nombreux à travers le monde sont celles et ceux qui se souviennent de sa chaleur humaine, de son intelligence des situations, de la force de ses convictions.
Enrico Ferri est de ceux-là. Professeur de philosophie du droit et de la politique, cet universitaire italien « plutôt laïque » a rencontré Pierre Claverie en 1995. Organisateur à l'université de Naples d'un colloque sur le thème « Monothéisme et conflit », il lui avait demandé d'intervenir sur le thème « Les derniers et le règne de l'homme ». « Sa conclusion était magnifique, se souvient-il. Les derniers deviennent les premiers lorsque chacun sort de lui-même pour répondre à leur cri et est accueillant à leur présence. »
« Je l'entends encore nous rappeler sans cesse de tout laisser pour accueillir l'autre, grand ou petit. »
Un mot résume le message spirituel de Pierre Claverie : « Espérance ».
« Il ne cessait de nous dire qu'il fallait faire le premier pas à la rencontre de l'autre. C'était son leitmotiv ! »