DÉPRESSION
Dans notre métier de manager, nous sommes, un jour ou l’autre, confronté à la dépression d’un de nos collaborateurs.
Voici quelques pistes de réflexion sur ce fléau qui ne cesse de se développer :
La dépression, maladie que l’OMS considère comme l’un des pires fléaux pour la société, est devenue terriblement banale : aujourd’hui, un Français sur cinq est ou sera concerné au cours de sa vie, et le suicide est devenu en l’espace de trente ans l’une des premières causes de mortalité chez les jeunes et chez les seniors.
La dépression peut donc s’abattre sur n’importe lequel d’entre nous.
La chanteuse Barbara a magnifiquement exprimé l’imprévisibilité de ce trouble :
«Ça ne prévient pas, ça arrive, ça vient de loin, ça s’est promené de rive en rive.»
On ne choisit pas d’être déprimé : cela peut survenir n’importe quand, à n’importe quel âge.
Comment garder espoir, ou plutôt retrouver espoir lorsque l’on est au cœur de cette nuit noire de l’âme ?
Si les symptômes les plus communs de la dépression sont bien repérables (fatigue, tristesse, perte du plaisir, idées noires, insomnies et perte d’appétit), il arrive fréquemment que la maladie progresse sous le masque insidieux de douleurs corporelles, de problèmes de mémoire ou d’un fléchissement des performances professionnelles ou scolaires.
Au Moyen Âge, on ne soignait pas les déprimés.
On les punissait car ils étaient considérés comme coupables du péché capital de paresse.
En dépit des avancées de la société, la dépression demeure aujourd’hui une maladie incomprise et souvent stigmatisée.
On cache sa dépression à ses collègues, ou même à sa famille, parce que l’on craint les regards réprobateurs.
Quand l’entourage dit : « Secoue-toi ! », la personne déprimée, ainsi renvoyée à sa culpabilité, pense : « Je suis un fardeau inutile pour les autres. »
Encore très récemment, notre compréhension de la dépression demeurait vague, pour ne pas dire impressionniste.
Chaque expert, isolé dans son domaine comme dans une tour d’ivoire, en donnait sa propre interprétation : psychanalytique, sociétale, génétique ou neurobiologique.
Mais il n’existe pas de gène de la destinée, pas plus qu’il n’existe de molécule du bonheur.
La psyché humaine ne doit plus être enfermée dans le moule d’une vision réductionniste, qu’elle soit « biologisante » ou «psychologisante».
L’espoir, c’est le formidable bouleversement des connaissances sur les émotions.
Les comportements et le cerveau inaugurent une ère nouvelle : celle de la convergence entre la biologie et la compréhension des mécanismes intimes de l’esprit.
L’individu est un tout : la dépression est une maladie qui touche à la fois le corps et l’esprit.
Sa guérison nécessite donc une prise en charge médicale et psychologique globale.
Pour vaincre la dépression, l’approche thérapeutique doit être multimodale et ajustée à la trajectoire de vie de chacun.
Cette tentative de compréhension des déterminants individuels de vulnérabilité biologiques, psychologiques, sociaux, génétiques est une approche nouvelle de la dépression.
Elle est porteuse d’espoir car elle dépasse le cadre de la guérison pour se tourner vers une éthique de la relation et surtout vers une prévention de la rechute.
La dépression n’est jamais un échec personnel !
Elle n’est ni le symptôme d’une société en crise, ni l’expression d’une quelconque faiblesse morale.
C’est une vraie maladie, une souffrance profonde du corps et de l’esprit qu’il ne faut pas confondre avec un coup de blues passager.
Mais surtout, c’est une maladie qui se soigne et qui se guérit.
Pour accéder à un traitement efficace, il faut d’abord comprendre, accepter, pour pouvoir agir et réagir vite.
C’est dans cette révolte contre la souffrance que le Sisyphe de Camus parvient finalement à retrouver l’espoir et surmonter le sentiment d’absurdité et de vacuité de l’existence.
Vitamines, oméga-3, sels minéraux, luminothérapie : les promesses de guérison et les publicités fleurissent : comment différencier les vrais traitements des gadgets commerciaux inefficaces ?
Quelles sont les psychothérapies les plus utiles pour sortir de la maladie ?
Les avancées des traitements et des psychothérapies ont été considérables au cours des dernières années : leur utilisation précoce et rationnelle est le meilleur gage d’efficacité.
Au fil des siècles, la question sur l’origine et les mécanismes profonds de la dépression sont demeurés, avec une interrogation centrale : s’agit-il d’une vraie maladie ou d’une faiblesse?
Quel rôle exact joue la neurobiologie du cerveau ?
Quels sont ses déterminants psychologiques et sociaux réels ?
Reconnaître son mal permet d’y faire face avec lucidité et de se battre avec efficacité.
Ce n’est ni un échec personnel, ni une faiblesse.