24 décembre 2006
7
24
/12
/décembre
/2006
14:58
FRATERNITÉ : UN MOT A LA MODE ?
Fraternité. C'est un joli mot. Qui sonne, chante, éclaire, ouvre sur le monde et enveloppe son prochain.
Fraternité. N'est-ce pas là cependant un mot dont on cherche parfois le sens, à regarder la masse dans les transports en commun, où s'entassent, baladeurs aux oreilles, des individualités soumises à leurs décibels personnels, indifférentes aux nuisances résiduelles, à regarder la violence qui se développe autour de nous, à observer l’évolution de notre société ?
C'est un mot qu'on voit partout sur les frontons républicains : Fraternité.
Ah ! la devise, alphabet premier de la République !
Liberté ? Tout le monde sait : nos ancêtres se sont battus pour cela.
Egalité ? Tout le monde croit savoir, quoiqu'on préfère de nos jours évoquer l'équité, ce qui semble plus juste puisqu'elle intégre la contribution.
Mais fraternité ? C'est comme si le mot était en quête d'académiciens pour jeter les bases d'une consistance et d'une chair nouvelles, d'une actualisation, d'une redéfinition.
Fraternité. Le mot redevient à la mode. La valeur de 2007 ?
Avançons deux raisons : d'abord parce qu'en nous, quand bien même, bien enfoui, sommeille tout de même, à des degrés divers, le souci de l'autre, notre double, si irritant et attachant, tellement le même et tellement un autre.
Ensuite parce que nous rentrons dans une ère fortement marquée par la vulnérabilité et la dépendance - intergénérationnelle, notamment - qui conduit à nous interroger sur notre propre vulnérabilité.
Qui ne s'interroge pas façe à un Parent, malade, en fin de vie ?l
Les Anglais ont un verbe, care, pour dire tout à la fois "s'occuper de", "faire attention", "prendre soin". Et un substantif, qui conduit à désigner la sollicitude. Le "care", qui désigne donc l'aptitude à se soucier des autres.
Là où nos sociétés occidentales n'aspiraient jusqu'à présent essentiellement qu'à du juste (un idéal de justice universel et abstrait), le care bouscule nos priorités.
L'important se concrétise, avec des questions du type : qui fait quoi ? qui prend en charge et comment ?
Pour lutter contre la dépendance et la vulnérabilité, l'attention, l'empathie, le respect du prochain deviennent des valeurs premières. L'important devient le geste, ici et maintenant, envers le faible ou celui qui souffre.
C'est la main tendue. L'écoute. Moins que la justice. Ce qui n'empêche pas sa quête.
Alors, trinquons à la fraternité !
Et tâchons d'être, sinon justes, déjà plus sensibles.