Faire silence est difficile aujourd'hui, dans le monde dans lequel nous vivons, où nous sommes prisonniers de ce que Pascal avait appelé « le divertissement », c'est-à dire, dans notre langage, la dispersion.
Il y a quelques années, on avait un peu le temps de réfléchir. Il y avait un espace possible, ouvert à la réflexion
Pour garder son équilibre dans le monde actuel, il faut savoir se poser, s'arrêter, prendre souffle.
Faire silence est essentiel : se poser un moment et oser le silence intérieur.
Prendre le risque de faire taire son brouhaha intérieur.
Eviter de trop parler afin d’éviter la superficialité, la médisance, la légèreté.
L’homme sage sait se taire jusqu’au bon moment.
Dompter sa langue, c’est se maîtriser tout entier.
Plus il y a de paroles, plus il y a de vanités. Alors, à quoi bon ?
Le silence en lui-même n’a pas de sens : il peut n’être que vide ou mutisme.
Le silence n’a de sens que s’il est habité, habité par une recherche, une quête.
Le silence est ouverture à la paix.
Il ne suffit pas de faire silence. Il faut le vivre. Non pas le subir, le supporter, ni même l’accepter, mais le vouloir, le rechercher, le sauvegarder.
C’est dans le silence que la personnalité se forme et acquiert une pensée.
Le silence remet de l’ordre en soi quand on est inquiet, fatigué. Il apprend à devenir maître de soi.
Le vrai silence est écoute. Ecoute de ce qui nous fait vivre et ne vient pas de nous mais de plus grand que nous.
Il faut laisser le temps à l’écoute de parvenir jusqu'à l’oreille de notre cœur.
Nous sommes encombrés par les activités, les soucis. Or la parole vraie n’affleure que si on lui laisse du temps.
Le monde d’aujourd’hui vit une persécution de la vie intérieure par le bruit incessant des téléphones, des radios et des télévisions : une vraie Babel où tout le monde parle et où personne n’écoute ni ne comprend.
Il faut que nous apprenions à nous taire. Nous mettons cinq ans à apprendre à parler, et le reste de la vie à apprendre à nous taire.
Il faut s’exercer à écouter. C’est un labeur, il a beaucoup de parasites. Mais c’est possible ! Il faut se laisser apprivoiser, comme le dit le renard du « Petit Prince ».
Il faut apprendre à écouter, à rentrer au plus profond et à s’élever au dessus de soi.
Comment se parler, si l’on ne s’écoute pas ?
Comment se parler, si on n’a même plus le droit de « l’ouvrir », si complexe soit le sujet.
Comment expliquer que l’on a tout à gagner à entendre un point de vue différent du sien et que c’est même un enrichissement ?
La parole de l’autre, souvent, vous modifie, vous déstabilise positivement, vous fait découvrir de nouvelles échappées, à l’écart de vos certitudes.
Mais non, il y a des gens qui érigent face aux autres des murs de mots et de mépris.
Le silence n’a également de sens que par rapport à une Parole.
Il est fait pour découvrir la Lumière.
Le silence guérit : il constitue la voie par excellence.
Le silence conduit à la rencontre avec soi-même et à la découverte de la Vérité.
Il est aussi le moyen de se détacher de la tendance à juger les autres.
Nous sommes portés, en permanence, à évaluer, à apprécier et à cataloguer les personnes que nous rencontrons.
Et le plus souvent nous en arrivons à les condamner.
Le silence nous évite d’en arriver là. Il nous confronte à nous-mêmes et nous empêche de projeter notre part d’ombre sur les autres.
Plus on est dans le bavardage superficiel et bruyant, moins on a de chance d’entendre les mots qui surgissent de la Source.
La vraie Parole n’empêche pas le silence.
Plus on ose la Parole vraie, moins on a peur du silence.