La transformation dans laquelle nous sommes précipités depuis une vingtaine d’années est plus qu’une crise de civilisation.
Il y a eu des moments, au cours des siècles, où l’humanité est entrée dans une autre phase de son histoire : le Siècle des Lumières, par exemple. Ces périodes ont été vécues dans un mélange d’espérance, de peur et d’incompréhension.
Notre période est encore plus difficile à comprendre parce qu’elle va plus vite.
Au cours des vingt dernières années, nous avons basculé dans un autre monde de manière si rapide que la pensée n’a plus le temps de suivre le mouvement.
Comment repenser les structures de parenté alors qu’un enfant sur deux naît hors mariage, qu’un enfant peut avoir cinq parents et non deux ?
Nous sommes devant un univers à la fois enthousiasmant et effrayant.
La tâche la plus urgente est de le penser.
Notre société n’a plus de projets, ne croit plus en l’avenir, a perdu la mémoire.
Nous sommes obsédés par le court terme, l’efficacité immédiate.
J’aime cette phrase d’Emmanuel Lévinas : « Nous étions jusqu'à présent accoutumés à l’idée que le temps va quelque part ».
Aujourd’hui, cette idée vole en éclats. Comment voulez-vous faire fonctionner la famille, la transmission entre générations, la solidarité, s’il ne reste plus que le présent ?
Nous sommes malades du temps.
Face à ce grand chamboulement, nous pourrions rester sereins si nous avions la possibilité de choisir ce qui est bien et refuser ce qui est mal dans la technologie. Mais pour en être capable, il faut avoir un minimum de convictions communes.
Or, nos sociétés sont désabusées, elles vivent dans le désappointement, le cynisme ou la désespérance.
Comment affronter les barbaries qui nous menacent, comment se battre pour les droits de l’homme et la démocratie si l’on n’a pas de convictions fortes ?
Dans les années 90, après la chute du Mur, on pensait avoir jeté les croyances dans la poubelle de l’histoire. On se disait : tout va disparaître devant les avancées de la science et du savoir. On va pouvoir être libre, dans des sociétés pacifiées.
Résultat : « l’ère du vide ».
Les grandes croyances sont revenues par la fenêtre de la pire façon. On a vu revenir les sectes, la superstition, l’astrologie (le seul endroit dans un journal où l’on parle de soi).
Nous nous prosternons devant des idoles, l’argent, la consommation, le paraître, sans nous apercevoir que nous agissons comme des peuples très archaïques.
C’est un grand retour en arrière.
Et pourtant, l’Espérance, c’est la conviction que la société de demain sera notre œuvre, et non le produit d’une fatalité, sans passer au rouleau compresseur de la modernité.
Que l’être est plus important que l’avoir.
Que l’homme n’est jamais seul sur cette terre, à condition de trouver la Vérité, le Chemin, la Lumière et la Vie.
N’oublions jamais les pépites de notre Tradition : l’égalité entre les hommes, la liberté individuelle, le respect de la Personne.
Nous avons un trésor à découvrir, à décoder, à retranscrire.
Et à transmettre.